Contre le génocide et la colonisation en Palestine, l’AFPS, Attac et BDS France lancent la campagne « Banque complice » et ciblent BNP Paribas..
Cinq banques françaises, BNP Paribas, la Banque Populaire, la Caisse d’Épargne, la Société Générale et le Crédit Agricole, figurent parmi les dix institutions financières européennes qui ont investi le plus dans des entreprises impliquées dans les colonies illégales et dans l’armement d’Israël.
L’AFPS (Association France Palestine Solidarité), Attac France et la Campagne BDS France (campagne boycott, désinvestissement, sanctions) ont décidé de cibler BNP Paribas pour dénoncer ses investissements, qui la rendent complice de la colonisation, de l’apartheid et de l’armement d’Israël.
Trois reproches principaux sont formulés :
1. La BNP est le premier investisseur européen dans des sociétés activement impliquées dans les colonies illégales en Palestine.
Si la BNP communique régulièrement sur les droits humains et promeut les « investissements éthiques », le dernier rapport de la coalition internationale « Don’t Buy Into Occupation » montre le contraire : entre janvier 2020 et août 2023, la BNP a accordé 22,2 milliards de dollars de prêts et de souscriptions à des sociétés impliquées dans la colonisation. « La construction et l’expansion des colonies en Palestine constituent une violation majeure du droit international. Au non respect de multiples résolutions onusiennes par Israël, vient s’ajouter la récente déclaration de la Cour internationale de justice (CIJ) en juillet, qui a jugé illégale l’occupation de la Palestine par Israël », indique Vincent Gay, secrétaire général d’Attac France.
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En effet, 51 entreprises sont impliquées dans une ou plusieurs des « activités répertoriées qui suscitent des préoccupations particulières en matière de droits de l’homme. 776 institutions financières européennes, y compris des banques, des gestionnaires de banques, des gestionnaires d’actifs, des compagnies d’assurance et des fonds de pension, ont eu des relations financières avec une ou plusieurs de ces 51 entreprises activement impliquées dans la colonisation israélienne. Les 10 principaux créanciers (prêts et souscription) ont fourni à eux seuls 116,55 milliards d’USD à une ou plusieurs de ces 51 entreprises. BNP est en tête avec les 22,2 milliards (la Société Générale est 4ème, le Crédit Agricole est 7ème).
Parmi ces entreprises, des entreprises israéliennes comme l’entreprise d’armement Elbit Systems ; les banques Bank Hapoalim, Bank Leumi, Israel Discount Bank, et Mizrahi Tefahot Bank ; les entreprises immobilières Ashtrom, Electra, Mivne, Shapir, Shikun & Binui et Villar qui construisent
dans les colonies ; les opérateurs téléphoniques Bezeq, Cellcom et Partner ; les entreprises pétrolières Delek et Paz ; l’entreprise de chimie Israel Chemicals ; l’entreprise informatique Matrix IT ; l’entreprise de textile Delta Galil ; les entreprises Hamat, Rami Levy Chain Stores et Shufersal …
Des entreprises françaises comme Alstom, aussi montrée du doigt par l’ONU en 2020 pour sa participation à la construction du tramway de Jérusalem Est, ou Carrefour, déjà l’objet d’une campagne de boycott pour son implication dans les colonies.
Des entreprises européennes comme l’espagnole CAF, qui fournit des tramways à la ligne qui colonise la partie Est de Jérusalem, ou l’allemande Siemens, qui construit le câble qui lie le réseau électrique israélien jusqu’aux colonies.
Des entreprises américaines comme HP qui équipe l’armée et la police israélienne, ou Caterpillar qui fournit le bulldozer D9 à l’armée israélienne pour détruire les maisons palestiniennes.
Le 19 juillet 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a indiqué dans un avis consultatif majeur que les États ne doivent pas « entretenir de relations économiques ou commerciales avec Israël qui seraient de nature à renforcer la présence illicite de ce dernier dans le Territoire palestinien occupé » et qu’ils doivent « prendre des mesures pour empêcher les échanges commerciaux ou les investissements qui aident au maintien de la situation illicite créée par Israël dans le Territoire palestinien occupé ».
2. La BNP est le principal créancier européen à des entreprises d’armement fournissant l’armée israélienne.
De plus, le rapport PAX/Profundo publié en juin 2024 a révélé qu’entre janvier 2021 et août 2023, la BNP a accordé 6,4 milliards de dollars de prêts et de souscriptions aux plus importants fabricants d’armes qui fournissent l’armée israélienne. « Les investissements de la BNP dans ces entreprises d’armement, en plus de la récente levée de fonds de 2 milliards, nous semblent particulièrement choquants, face à l’intensité des bombardements, des déplacements forcés, de la famine organisée, du nombre de civils et d’enfants tués, des hôpitaux et des infrastructures anéantis dans la Bande de Gaza », s’indigne Natalie, membre de l’AFPS.
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Le rapport PAX/Profundo publié en juin 2024 a révélé qu’entre janvier 2021 et août 2023, vingt créanciers européens fournissant des prêts et de souscriptions ont accordé un total de 36,1 milliards d’euros aux 6 plus importants fabricants d’armes qui fournissent l’armée israélienne (Boeing, General Dynamics, Leonardo, Lockheed Martin, RTX et Rolls-Royce).
Parmi ces 20 créanciers, la BNP est le premier (et le Crédit Agricole le deuxième), en ayant accordé 6,4 milliards de dollars de prêts et de souscriptions à ces 6 fabricants d’armes.
Les attaques sans précédent contre Gaza depuis octobre 2023, et le risque plausible de génocide rendent encore plus urgent l’arrêt des livraisons d’armes à Israël par les entreprises d’armement et l’arrêt du financement par les institutions financières des entreprises qui continuent à fournir des armes à Israël.
3. En plein génocide, la BNP a participé à une levée de fonds records pour Israël, destinée à combler « un déficit croissant lié à la guerre », à hauteur de 2 milliards de dollars.
« Faut-il rappeler que les relations financières de la BNP – à l’instar d’autres banques – avec des entreprises actives dans l’industrie de la colonisation et de l’armement, soutiennent activement un État accusé devant le CIJ, dès décembre 2023, de génocide ? », ajoute Juliette de la campagne BDS France.
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En acceptant de soutenir les finances d’un État que la CIJ reconnaît comme coupable d’un plausible génocide, BNP Paribas devient directement complice des crimes de cet État.
Selon les Nations Unies, les institutions financières ont, en principe, une « capacité sans précédent » à influencer les entreprises et à accélérer les progrès dans la mise en œuvre des principes directeurs des Nations Unies relatifs aux Entreprises et aux Droits Humains, et l’obligation de se conformer au devoir de vigilance sur les conséquences des opérations en matière de respect des droits humains. BNP Paribas communique régulièrement sur les droits humains et promeut les « investissements éthiques ». Mais ses investissements rendent possibles les violations des droits humains : les crimes de guerre, les crimes contre humanité, voire même le crime de génocide.
Nos trois organisations lancent ce 25 septembre 2024 une campagne de sensibilisation et d’actions citoyennes sur tout le territoire pour faire pression sur la BNP.
Avec nos groupes locaux, nous organiserons dans les prochaines semaines des opérations d’envois de lettres, d’affichage et de tractage devant les agences bancaires.
Nous demandons que la BNP cesse d’investir dans des entreprises complices de violations des droits humains et respecte ses obligations en matière de devoir de vigilance.