Page (temporaire) du Collectif Palestine Nord-Essonne

Retour sur la conférence-débat du 6 mars à Bures-sur-Yvette

Plus de 70 personnes ont assisté mercredi à la conférence – débat sur les collaborations militaires France – Israël.
Animée par Alban Mosnier (Attac), elle réunissait Patrice Bouveret, président de l’Observatoire des Armements , et deux représentantes de Stop Arming Israël France : Laure et Marianne.

Objet de la conférence-débat

Alors que la Cour Internationale de Justice appelle à prendre des mesures immédiates pour prévenir un possible génocide à Gaza, n’est-il pas temps pour la France de cesser de participer au massacre de civils en fournissant des engins de mort à Israël ?

La coopération militaire et sécuritaire entre la France et Israël est en totale contradiction avec la signature par la France des textes internationaux – notamment les Conventions de Genève, le Traité sur le commerce des armes (TCA) ou la Position commune de l’Union européenne sur les exportations d’armements – qui lui confère des obligations non seulement de respecter, mais également de faire respecter le droit international humanitaire.

Nous savons que la France a joué par le passé un rôle important dans l’armement d’Israël et le développement de son industrie militaire, allant jusqu’à lui fournir la bombe atomique.

Plus de trois mois après le lancement de l’offensive punitive de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, en riposte à l’action du Hamas du 7 octobre 2023,

  • De quels éléments disposons-nous sur les relations militaires que la France entretient aujourd’hui avec Israël ?
  • Quels sont aujourd’hui les transferts d’armements de la France en direction d’Israël ?
  • Comment pouvons-nous agir afin que notre désaccord vis-à-vis de ce commerce soit entendu de notre gouvernement ?
  • Comment mettre fin à cette complicité meurtrière ?

Après un éclairage sur les transferts d’armements de la France en direction d’Israël par les intervenants de l’Observatoire des armements et de Stop Arming Israël France, nous échangerons avec eux pour tenter de répondre à ces interrogations.

Observatoire des Armements
Centre de documentation et de recherche sur la paix et les conflits
Intervenant : Patrice Bouveret

Créé en mars 1984, l’Observatoire a conduit sa première étude sur Israël en 2008, à l’occasion d e l’opération « Plomb durci » (guerre meurtrière contre Gaza).

L’armement est un secteur phare de la France (3ème exportateur mondial), mobilisant du personnel très qualifié. Pour autant il ne représente que 2% de notre commerce extérieur, moins que les vins et spiritueux, ce qui veut dire que la France pourrait s’abstenir de livrer des armes à des pays en guerre ou violant les droits humains, conformément aux nombreux traités qu’elle (et Israël!) a signés, sans que son économie en souffre sensiblement. Malheureusement, les Conventions de Genève, le traité de 2014, la position adoptée par l’UE en 2008… ne sont soumis qu’à un auto-contrôle des Etats.

Officiellement, la France ne vend pas d’armes à Israël. Mais elle vend du ma tériel militaire, autrement dit des composants essentiels servant par exemple au guidage des drones. Et même si ces exportations représentent peu en valeur (20 millions d’euros), elles servent à tuer !

De 1948 (création d’Israël) à 1969 (guerre « des six jours »), la France a été le premier fournisseur d’Israël. Elle a aussi collaboré avec cet Etat pour développer conjointement l’arme nucléaire alors que les USA tentaient de s’y opposer, et elle a permis à Israël de bénéficier des essais nucléaires au Sahara. Par ailleurs, elle a permis à Israël de s’équiper en usines de telle sorte que l’Etat sioniste a pu surmonter sans difficulté l’embargo imposé par de Gaulle après 1967. Puis la coopération militaire a repris à partir de la présidence Mitterran d.

Cette coopération fonctionne dans les deux sens : la France a pris du retard en matière d’automatismes, de drones, de robots… et Israël, en pointe dans ces domaines, lui en fournit.

Enfin, des recherches sont menées en commun, certaines co-financées par l’UE sous un prétexte civil invérifiable (comme les recherches sur des vols coordonnés de drones pour… éteindre des incendies) et des entreprises israéliennes rachètent des entreprises françaises ayant développé une technologie d’intérêt militaire.

Pour en savoir plus, Lire le Communique de Presse de l’Observatoire des Armements « France : second exportateur mondial d’armes ! Les autorités se dérobent à leurs obligations de contrôle démocratique et de transparence. Jusqu’à quand ? »

Stop Arming Israël France
Intervenantes : Laure et Mariane

C’est une réponse à un appel à la solidarité des travailleurs du monde entier adressé par 30 syndicats palestiniens (www.workersinpalestine.org) le 16 octobre 2023 :

  • Refuser de construire des armes destinées à Israël.
  • Refuser de transporter des armes vers Israël.
  • Adopter des motions en ce sens au sein des syndicats.
  • Agir contre les entreprises complices du génocide en cours.
  • Faire pression sur les gouvernements pour qu’ils cessent tout commerce militaire avec Israël.

A ce jour, 40 syndicats, en provenance de 20 pays, y ont répondu, dont des syndicats de dockers, transports, etc.

En France, les premiers à répondre ont été des syndicats enseignants (Emancipation, FSU, SNES, SUD Education) rejoints par Solidaires, qui compte plus de 100 000 affiliés.

Stop Arming Israel France intervient à 3 niveaux :

  1. Recherche et diffusion d’informations. Pour cela, SAIF s’appuie sur les travaux de l’Observatoire. Identifier les entreprises impliquées n’est pas facile car il n’existe pas de liste des produits vendus. Beaucoup ont un double usage, mili taire et civil, pour un total de 159 millions d’euros en 2021. En plus, ces données sont connues avec retard : on ne saura qu’en juillet 2024 l’impact de la guerre de Gaza sur les ventes en 2023. Il est exceptionnel qu’on puisse attribuer à une entreprise précise la responsabilité d’un massacre comme dans le cas d’Exxelia, dont un composant a été identifié dans un missile qui a causé la mort de trois enfants à Gaza. Mais la Justice ne commence son travail que 10 ans après…
    Après avoir croisé le peu d’informations disponibles SAIF édite des fiches par entreprise (Thalès, Safran, Dassault…) qui détaillent leur implication. C’est en cours.
  2. Cartographie : Sur une carte de France « zoomable » (https://padlet.com/stoparmingisraelfrance/ressources), chacun peut repérer les entreprises proches, lire la fiche détaillée, en vue de programmer des actions.
  3. Actions
  • Les tractages visant à l’information du personnel, actions légales non soumises à déclaration, ont un fort impact (200 000 salariés de l’armement en France). SAIF en propose régulièrement. Tout groupe « pro-palestinien » peut en prendre l’initiative en imprimant les tracts à disposition sur la boite à outils du SAIF (même lien que la carte ci-dessus). L’accueil du personnel est généralement très bon.
  • Des actions à l’entrée de salons comme Eurosatory (17 au 20 juin 2024) ou Milipol (pour les « forces de l’ordre ») en novembre 2025. Ces salons sont aussi une bonne source d’informations.
  • Des manifestations et des blocages notamment dans les ports (Marseille, Le Havre…) et, à l’étranger Oakland, Salerne, etc., en Inde, ou les usines Elbit au Royaume-Uni.
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