Le Black Friday est probablement le jour de l’année au cours duquel l’impact environnemental, social et économique de ce que l’on nommera la « société de consommation » est le plus emblématique et préoccupant. Amazon, parfaite représentante de ces multinationales nuisibles, a été notamment ciblée par des activistes partout en France : 200 Amazon Lockers ont été mis hors services !
Destruction d’emplois, dégradation des conditions de travail, entreprise climaticide, évasion fiscale massive… les raisons de stopper Amazon et son monde ne manquent pas !



Comme ici, dans le Nord-Essonne : gare de Massy-Palaiseau, centres commerciaux de Villebon et des Ulis
Découvrez toutes les actions « Amazon hors service » pour le Black Friday 2022
en cliquant sur l’image WANTED ci-dessous …
Capitaine Marteau et l’affaire Amazon – le sourire mauvais
En apprenant incidemment fin novembre 2021 qu’un entrepôt Amazon derniers kilomètres devait s’implanter dans la banlieue dijonnaise début 2022, à l’initiative de Attac, les Amis de la Terre et Greenpeace, les membres locaux de PJC ont décidé de se réunir pour organiser la riposte.
Différentes formes d’actions ont été discutées, notamment celle consistant à tourner un clip de dénonciation du monde d’Amazon sous la forme d’un pastiche de la série Capitaine Marleau avec Corinne Masiero sur France 2.
Une mini-série drôle et informative… pas vue sur Amazon Prime !
Amazon est la parfaite représentante de ces multinationales nuisibles
- Les conséquences de l’activité d’Amazon sont dramatiques tant en termes d’emplois et de conditions de travail, que de fiscalité et d’écologie
- Elle repose sur l’utilisation incessante d’avions, de camions, de porte-conteneurs et de gigantesques serveurs qui font d’Amazon l’un des plus grands pollueurs de la planète
Développement exponentiel d’Amazon
- On assiste depuis qq années à un développement exponentiel d’Amazon
- Amazon contrôle désormais la moitié du e-commerce aux États-Unis
- de même, Amazon domine le secteur en France : avec 53,7% des ventes en 2020,
loin devant les sites de la Fnac (27,0%) et de Cdiscount (18,2%)
Amazon détruit les emplois
- la création d’emplois est l’argument invoqué par Amazon auprès des élus, en particulier dans les régions sinistrées
- or, l’on sait que le développement du e-commerce entraîne la destruction d’emplois, les commerces de proximité étant les plus durement touchés, comme l’a montré de nombreuses études :
- étude américaine : pour un emploi créé dans le e-commerce, 4,5 emplois ont été détruits dans le commerce traditionnel
- étude Kavala Capital en France : (2009 à 2018) un emploi créé dans une grande entreprise (plus de 250 salariés) via l’expansion du e-commerce entraîne la destruction de 6 emplois dans le petit commerce de détail
- de nombreux emplois d’Amazon pourraient disparaître avec la robotisation des centres
- si on comptait ~ 8 salariés pour 1 robot en 2015, on en compte moins de 5 en 2017
- Amazon livre déjà 1/3 des produits en France depuis l’étranger
et a délocalisé en Pologne ses entrepôts d’Allemagne de l’Est pour livrer outre-Rhin en profitant du faible coût du travail dans le pays
Pratique effrénée de l’évasion fiscale
- La firme de Seattle rivalise d’imagination pour échapper à l’impôt
- Amazon dissimule 57% de son chiffre d’affaires réalisé en France, ce qui lui permet de déplacer une grande partie de ses bénéfices vers l’étranger
- Cette évasion fiscale massive a des impacts négatifs sur les recettes fiscales de l’État
- Elle renforce également la position prédominante d’Amazon vis-à-vis de ses concurrents, comme les commerces de proximité, qui paient en proportion de leur activité davantage d’impôts
- Amazon a réussi l’exploit de payer zéro euro d’impôt sur les sociétés dans toute l’Union Européenne en 2020 et 2021 – malgré des ventes dopées par les confinements – et cela grâce notamment à sa filiale luxembourgeoise, et en faisant apparaître une perte de 1,2 Md€ sur ses comptes
- En 2019, quand le gouvernement a mis en place la très symbolique taxe GAFA, la firme de Seattle a trouvé la parade en répercutant le coût de ce nouveau prélèvement sur ses vendeurs tiers de façon unilatérale
- Comme les autres acteurs du e-commerce, Amazon profite d’une fraude massive à la taxe sur la valeur ajoutée (98 % des vendeurs étrangers actifs contrôlés sur les plateformes de e-commerce non immatriculés à la TVA en France)
- manque à gagner estimé à 1 Md€ en France rien que pour Amazon (montant global de la fraude à la TVA dans le secteur du e-commerce entre 4 et 5 Md€ en 2019)
- Cela renforce la concurrence déloyale vis-à-vis des petits commerces qui acquittent la TVA et doivent donc la répercuter sur leurs prix de vente.
Ainsi lorsque les promoteurs de la construction d’entrepôts géants d’Amazon en France argumentent que cette implantation va rapporter des centaines de milliers d’euros d’impôts locaux, on peut rétorquer que le montant des impôts éludés par l’entreprise est bien plus important !
Impact sur l’environnement et le climatique
- Le monde d’Amazon n’est pas vert comme il se plaît à le dire dans sa communication, avec des annonces comme « atteindre la neutralité carbone en 2040 » mas ça n’en prend pas le chemin !
- En 2021, l’entreprise a émis 71,5 MT eq CO2. (équivalent au double des émissions de la Suède, 1/4 des émissions de la France) soit une hausse de 40 % par rapport à 2019
- Développement du transport aérien causé par l’obsession de la livraison rapide
- installation des nouveaux entrepôts à proximité des aéroports (projet de Colombier Saugnieu jouxte l’aéroport de Lyon Saint-Exupery)
- Amazon utiliserait aujourd’hui plus de 80 appareils et a acheté 11 appareils (janvier 2021) pour se constituer sa propre flotte.
- Le modèle produit des invendus : en 2018, 3,2 millions de produits neufs détruits par Amazon en France
- L’explosion des commandes provoque une augmentation considérable des transports qui, au-delà de l’impact climatique entraîne bruit, pollutions atmosphériques, …
- Brétigny-sur-Orge (Essonne) augmentation de plus de 10 % du trafic routier : plus de 500 camions supplémentaires par jour
- Colombier-Saugnieu (projet) : 1100 PL et 4400 camionnettes de livraison attendus
Responsabilité des politiques et des élu·es
- Macron a bloqué la mesure de la convention citoyenne sur le climat qui prônait un moratoire sur les entrepôts d’e-commerce
- Les collectivités n’hésitent pas à financer des infrastructures pour accueillir les nouveaux bâtiments (35 M€ à Metz, 13 M€ à Brétigny-sur-Orge, 3 M€ à Boves)
- En plus d’avoir recours à des promoteurs comme prête-nom pour dissimuler la construction de ses nouveaux entrepôts, Amazon impose la signature de clauses de confidentialité aux élus des territoires visés par les projets d’Amazon pour mettre les citoyens devant le fait accompli
Des conditions de travail intenables
- Avec une obsession : la réduction des délais de livraison de ses clients qui pèse au quotidien sur le dos des travailleurs d’Amazon (cadences infernales, temps de pause très faibles, …)
- Recours massif aux contrats précaires, notamment en intérim
- La réalité du bilan social est accablante, dévoilée en 2021 par le rapport Progexa à la demande du comité social et économique central (CSEC)
- 44 % d’emplois précaires avec augmentation de 47 % d’emplois intérimaires en 2019
- un turn-over important qui en dit long sur les conditions de travail
(taux de rotation de 48 % en 2021) - les maladies professionnelles sont causées principalement par les troubles musculo-squelettiques dus aux contraintes physiques et organisationnelles
- En 2021, près de 1000 (962) contrats de travail ont été rompus en fin de période d’essai mais lui permet de bénéficier des aides publiques
- Les horaires atypiques se développent : organisation de l’activité en 3×8, généralisation du travail de nuit et du week-end, augmentation des temps partiels, heures supplémentaires, journées de 12 heures…
- Pendant la crise sanitaire, il a fallu que la justice ordonne à Amazon de négocier la mise en place des conditions de sécurité pour que l’entreprise le fasse
- Pour les livreurs, ce n’est pas mieux …
- des livraisons en provenance des entrepôts jusqu’à minuit, tri des colis, puis ronde des livreurs à partir de 5h30
- délais imposés de plus en plus courts, avec une véritable dégradation des conditions de travail chez les transporteurs sous-traitants (La Poste, Chronopost, Geodis, etc…) mis en concurrence
- mais aussi des livreurs appartenant à des petits transporteurs ou à leur propre compte sans protection sociale contre les accidents ou la maladie (cf film de Ken Loach “Sorry we missed you”)
Conclusion – Mobilisation
- Grâce aux mobilisations, les projets à Fournès (Gard), Montbert (Sud de Nantes), Petit-Couronne (près de Rouen) et Fontaine (territoire de Belfort) ont été abandonnés
- Vendredi 25 novembre, la grande messe de l’hyperconsommation, le Black Friday : occasion de ne pas laisser faire !
Pour aller plus loin … Black Friday : surconsommation, surproduction et dégâts environnementaux, sociaux et économiques
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